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Les aides au théâtre privé mises en cause

Ni équitable ni transparent et réservé à un petit « club fermé ». Rarement une telle salve de critiques s’est concentrée sur un système d’aides publiques dans la culture. Sixième rapport sur ce sujet depuis 2000, la mission d’étude de l’inspection générale des affaires culturelles, placée sous l’autorité du ministère de la culture, dresse un constat sévère sur le fonctionnement de l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP). Créée en 1964, elle administre les aides à ce secteur, qui proviennent pour moitié d’une taxe sur les spectacles dramatiques, lyriques et chorégraphiques, et pour l’autre moitié des subventions de l’Etat et de la Ville de Paris.
Publié mi-juin en catimini sur le site de la Rue de Valois, le rapport juge que « le système d’aides, ancien et complexe, soulève des questions d’équité et de transparence » et surtout apparaît « insuffisamment ouvert et accessible à tous les professionnels qui pourraient y prétendre ». Sans compter qu’il ne « semble pas toujours en phase » avec les « objectifs de la politique publique du théâtre ». L’ASTP regroupe 63 salles de théâtre parisiennes, 8 théâtres privés en région et 27 tourneurs, et bénéficiait en 2022 d’un budget de 16 millions d’euros, dont 10,8 millions étaient redistribués par le biais de 14 programmes d’aides.
Les auteurs, Emmanuelle Bensimon-Weiler, Myriam Burdin, François Hurard et Hannah Roux-Brion, rappellent que plus de 70 % du budget des aides repose sur une « garantie de déficit » – une aide automatique qui a vocation à aider la prise de risque dans la production de nouveaux spectacles dramatiques.
Or « tous les spectacles sont soumis à la taxe mais certains seulement bénéficient en retour de la garantie de déficit », déplorent les rapporteurs, pour qui « le système est conçu par et pour les théâtres parisiens ». Sur le millier de contributeurs au fonds de soutien en 2022, seuls 53 membres actifs de l’ASTP en bénéficiaient. Surtout, selon les auteurs, « les aides sont réservées aux seuls membres de l’ASTP », ce qui est « en contradiction avec les obligations légales et réglementaires ».
Le rapport précise qu’en 2022, « le montant des subventions reçues appartenant au groupe Fimalac s’est élevé à 24 % des montants attribués ». Et les auteurs considèrent que « le système assurantiel s’est peu à peu transformé en rente ». Dans les annexes, on peut voir que 27 théâtres parisiens ont touché plus de 1 million d’euros d’aides cumulées chacun entre 2014 et 2022, dont plus de 5 millions pour le Théâtre Montparnasse, plus de 4 millions pour le Théâtre de Paris et plus de 3 millions pour le Théâtre de la Porte-Saint-Martin (ces deux derniers appartiennent au groupe Fimalac) ou le Théâtre Hébertot.
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